Des études montrent que la danse, en activant certaines zones du cerveau, nous instruit et nous réjouit ! Les explications de Lucy Vincent, neurobiologiste, auteure de « Faites danser votre cerveau » (éd. Odile Jacob).
La danse rend plus intelligent :
Danse et intelligence entretiendraient des relations étroites grâce au cervelet. Celui-ci, situé à l'arrière du cerveau, a vu son volume augmenter bien plus au fil du temps chez les humains que chez les grands primates. « On sait depuis longtemps qu'il est impliqué dans la coordination des mouvements et que la danse (apprentissage constant où l'on doit à chaque séance affiner un geste, s'adapter à la musique, à ses partenaires) le stimule. Mais des neurologues ont récemment révélé des connexions entre le cervelet et les aires cérébrales émotionnelles et cognitives », souligne Lucy Vincent. Ainsi, une équipe de chercheurs japonais a démontré que le cervelet « transforme » des informations physiques en concept virtuel. En clair, quand un enfant n'a plus besoin de compter sur ses doigts, le support physique, pour additionner 2 et 3, c'est grâce au cervelet. « C'est aussi ce formidable outil de programmation qui permet de réaliser des équations, des algorithmes, de construire des ponts ou de voyager dans l'espace ! » Or, la danse, en activant le cervelet via le mouvement, réveille ces circuits neuronaux cognitifs, stimulant notamment la créativité et la mémoire... « Le volume de l'hippocampe (l'aire centrale de la mémoire), qui diminue avec l'âge, augmente chez les personnes pratiquant régulièrement une danse, quel que soit leur âge, ce qui préviendrait la dégénérescence du cerveau », conclut Lucy Vincent.
Elle rend plus joyeux :
Si la danse permet d'exprimer ses émotions dans un cadre formalisé, on peut, à l'inverse, utiliser la danse pour provoquer des émotions. « On a constaté que l'on pouvait améliorer l'humeur des personnes dépressives en leur faisant faire, via la danse, des mouvements associés à la joie, par exemple les bras tendus vers le ciel... » Par ailleurs, l'expérience montre que la danse, a fortiori collective (des danses de salon à la techno, en passant par la salsa ou les danses folkloriques), provoque la libération d'endorphines et d'ocytocine, deux hormones du bien-être. « Quand on effectue des mouvements en synchronie avec d'autres personnes, sur la même musique et le même rythme, on adopte la même posture corporelle. On sait intuitivement que l'on partage les mêmes émotions, et que cela va perdurer le temps du morceau. À la clé, une détente et un soulagement précieux dans un monde où l'être humain, en groupe, est toujours un peu sur la défensive, poursuit la spécialiste. En témoignent les visages qui rayonnent littéralement sur la piste dès les premières mesures. Et ce, même chez les personnes les plus réfractaires à la danse ! »